Atoxa-des-Abysses by Maurice Limat

Auteur:Maurice Limat [Limat, Maurice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
ISBN: 2-265-03735-4
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1987-11-01T05:00:00+00:00

CHAPITRE VIII

Un petit bruit léger… continu… lancinant…

Ce n’est pourtant pas le supplice de la goutte d’eau… puisque, justement, cela est incessant…

Pourquoi est-ce que je pense à des choses aussi idiotes ?… Je suis encore hanté par des images incroyablement colorées… Un véritable arc-en-ciel où évoluent des créatures de rêve ou de cauchemar… poissons ou singuliers oiseaux des profondeurs… Ruissellement de pierreries dans un carrousel d’orage… un orage inouï où les éclairs se succèdent à une cadence telle que tout est illuminé pour un festival inconnu…

Francis… Francis… Tu délires…

Encore ce bruit… En fait, je me rends compte qu’il ne s’interrompt jamais depuis…

Je me dresse soudain. Et je vois…

Il me semble que le cockpit de l’abyscaphe, où je me trouve toujours, est singulièrement cabossé. Et je perçois un mince filet d’eau, mais projeté avec une force prodigieuse, qui traverse littéralement l’étroite cabine et va se briser contre la paroi, et de là gicle un peu partout. Et l’eau qui pénètre ainsi, par une minuscule fissure, va tout noyer avant peu !

Et nous avec !

Car ils sont là tous les quatre. Inertes, ce qui me glace le cœur avant que je puisse réaliser qu’ils vivent, mais demeurent assommés par le choc électrique.

Oui, j’y suis… nous avons été victimes de ce que je pourrais appeler des vampires de lumière. Ces poissons-torpilles qui ont uni leur potentiel électrique naturel pour foudroyer ce qu’ils ont dû prendre pour un monstre insolite.

L’abyscaphe a été déséquilibré et il gît vraisemblablement sur quelque fond rocheux ou coralligène. Et l’eau, par un interstice si mince soit-il pénètre en un filet soumis à la formidable pression de la hauteur de l’onde qui pèse sur nous, sur notre malheureux engin…

Atoxa… Je la prends dans mes bras et je la vois ouvrir les yeux. Tout de suite je retrouve son sourire. Un instant après, les trois autres reviennent à eux à leur tour. Nous avons subi le formidable choc électromagnétique et nous sommes couverts d’ecchymoses, d’hématomes, voire de sanglantes estafilades, surtout ce pauvre Rerehi qui a une joue déchirée. Mais à peine ont-ils à leur tour retrouvé leur conscience qu’ils réalisent, après moi, le péril qui nous menace.

L’engloutissement pur et simple. Car aucune puissance ne nous permettra de colmater la fissure, d’arrêter l’inondation qui finira par investir l’abyscaphe en son entier.

Je me suis relevé pour constater que si je n’ai guère été frappé de coups ou de plaies, ma combinaison s’est déchirée dans toute sa longueur.

Le scaphandre souple qu’Atoxa s’était évertuée à me ramener en vue de l’évasion n’est plus qu’une loque et ce sont des fragments en lambeaux qui pendent autour de moi. Autrement dit je n’ai plus qu’à m’en débarrasser, ce qui sera plus rationnel, et je reste ainsi tout aussi nu donc désarmé que Rerehi, lequel demeure en tenue de naturiste depuis qu’on l’a arraché à son aquarium.

Cependant, n’ayant pu échanger que quelques propos désabusés avec Rerehi concernant notre triste situation, je vois que les trois Squamoïdes sont engagés dans une discussion animée. Entendez par là qu’ils s’expriment par gestes, tels des sourds-muets, mais selon un code mystérieux qui est l’apanage de leur espèce.

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